Publié dans : Blog
Posté sur : 11 février 2025
Par : Michelle Hawks, Ph.D.
Dans son livre Braiding Sweetgrass[i], Robin Wall Kimmerer raconte comment à l’école, elle a partagé avec un conseiller son intérêt pour les études de botanique parce qu’elle voulait « savoir pourquoi la verge d’or et les asters étaient si beaux ensemble » (p. 39), pour se faire répondre que sa question n’était pas de la science. Cette histoire continue de résonner en moi, quelqu’une qui a toujours été amoureuse des mathématiques et de l’art et qui s’est fait souvent dire qu’ils sont diamétralement opposés. Les mathématiques comprennent , la raison, l’objectivité, la quantité et sont associées à notre cerveau gauche, tandis que l’art est la création, l’intuition, l’émotion, la qualité et associé à notre cerveau droit. L’idée que les mathématiques et les arts (ou la science et l’art) sont séparés demeure, malgré le fait que la recherche démystifie le mythe selon lequel certaines activités seraient associées à un côté de notre cerveau ou à l’autre, ou que notre personnalité se trouve d’une façon ou d’une autre dans un camp ou bien l’autre[ii].
Je voulais partager cette histoire parce qu’elle est liée à un préjugé fondamental que j’observe en science, à savoir qu’elle constitue une discipline qui contribue également aux disparités entre les genres que nous continuons d’observer ce phénomène dans toutes les disciplines scientifiques, technologiques, de l’ingénierie et mathématiques (STIM). Ce phénomène est le plus souvent appelé « la fuite du pipeline STIM[iii] ». Nous observons des femmes et des filles fuir systématiquement les études en STIM, ce qui a une incidence sur les possibilités d’emploi ultérieures et contribue à l’écart salarial entre les genres[iv]. Au Canada en particulier, malgré le fait qu’elles détiennent 34 % des diplômes en STIM, seulement 23 % des personnes qui occupent des postes en STIM sont des femmes[v].
Reconnaissant cette lacune et les conséquences pour les femmes et les filles, et en tant que scientifique et médecin elle-même, Son Altesse Royale la princesse Dre Nisreen El-Hashemite a travaillé à faire reconnaître l’écart entre les genres dans le domaine des sciences lors d’une journée commémorative officielle des Nations Unies, la Journée internationale des femmes et des filles dans le domaine des sciences[vi]. Cette journée est reconnue le 11 février de chaque année, et 2025 marque son dixième anniversaire[vii].
Bien qu’il y ait de nombreuses raisons d’encourager davantage de femmes et de filles à se joindre aux professions STIM, on ne saurait trop souligner que la société dans son ensemble est mal servie sans davantage de femmes occupant des postes professionnels dans les disciplines STIM. Comme le titre de ce bref article l’indique, « Le manque de femmes scientifiques signifie moins de traitements médicaux développés pour satisfaire les besoins des femmes »[viii] ce qui mène finalement à plus de femmes mourant de problèmes médicaux qui pourraient être évités. Partant de cette position, il semble que nous soyons confrontés à un problème insurmontable sur le plan international; cependant, il existe de nombreuses façons d’apporter des changements pour soutenir l’élan de cette journée commémorative, tant au niveau personnel qu’organisationnel.
À l’échelle nationale, Larissa Vingilis-Jaremko, Ph.D. a prononcé un discours en 2017 devant le Comité permanent de la condition féminine au Canada de la Chambre des communes du Canada, soulignant l’impact d’une diminution du nombre de femmes dans les sciences dans le contexte canadien. Au cœur de son discours, elle met en lumière un indicateur clé, l’importance de la représentation dans les sciences. Pour illustrer ce point, elle demande souvent à un auditoire de se représenter à quoi ressemble une personne qui travaille en science et l’image typique qui est partagée est celle d’un « vieil homme aux cheveux blancs fous, à la blouse de laboratoire et à des lunettes » (page 2)[ix]. Cette image d’un scientifique « typique » en est une que l’organisation de la scientifique, l’Association canadienne des filles en sciences (CAGIS), et elle-même travaillent avec acharnement à surmonter. Elles s’y emploient en travaillant avec de jeunes filles âgé·e·s de 7 à 16 ans pour les encourager davantage à trouver intérêt dans les disciplines STIM et pour contribuer aux efforts visant à atteindre la parité entre les genres.
L’une des façons de combattre les divers préjugés fondés sur le genre dans les disciplines STIM est d’examiner la représentation. Cela peut être réalisé en examinant l’influence des célébrités et de la culture populaire comme moyen de changer les perceptions des gens sur ce à quoi ressemblent les personnes dans le domaine des STIM. Danica McKeller est un exemple que j’utilise souvent — une célèbre actrice connue pour jouer Winnie Cooper dans The Wonder Years, qui détient également un doctorat en mathématiques et qui a écrit une série de livres destinés aux jeunes femmes qui apprennent les mathématiques[x]. Certaines célébrités, comme la mannequin Karlie Kloss, utilisent leur argent et leur influence pour créer des programmes visant à soutenir les femmes et les personnes d’une diversité de genres dans des industries STIM de pointe, comme la technologie, et construire des ponts là où il manque de soutien. Bridgit Mendler, qui est peut-être connue de beaucoup de gens à la suite de sa carrière d’actrice sur le Disney Channel dans les années 2010, détient des diplômes du MIT et de Harvard Law, et travaille à faire connaître la technologie spatiale à tou·te·s grâce à une nouvelle entreprise appelée Northwood Space[xi]. De plus, en regardant les médias que nous consommons, des émissions de télévision comme Bones nous procurent une représentation féminine étonnante dans les sciences à travers plusieurs personnages différents, et est basée sur les écrits et la carrière de l’anthropologue judiciaire Kathy Reichs[xii]. Chacun de ces exemples propose une nouvelle représentation en sciences et en mathématiques qui peut aider à intéresser plus de jeunes femmes et de filles à explorer leurs propres intérêts et connaissances de ces sujets fascinants.
Une autre façon de promouvoir une plus grande parité entre les genres dans le domaine des STIM est de sensibiliser davantage ceux· celles qui sont déjà sur le terrain. Dans le contexte canadien, cela peut se faire comme suit :
Enfin, je pense qu’il serait très utile d’envisager d’élargir nos conceptions de ce à quoi ressemble la science en tant que discipline. Nous pensons souvent que la science est une recherche en laboratoire, mais, comme l’a mentionné Larissa Vingilis-Jaremko dans son discours, la science peut aussi être à propos de la « physique du patinage artistique » ou de la « chimie de la conservation de l’art » (page 2) [xvi].
Une recherche rapide sur Indeed m’a mené à une liste de titres de carrières en mathématiques et en sciences qui comprend des enseignant·e·s, des technicien·ne·s en pharmacie et des pharmacien·ne·s, des mécanicien·ne·s, des électricien·ne·s, des biologistes, des météorologues, des ingénieur·e·s, des pilotes, des développeur·euse·s de logiciels et des professionnel·le·s de l’informatique, pour n’en nommer que quelques-uns[xvii]. En fin de compte, en élargissant notre vision de ce qui est considéré comme de la science et de ceux· celles qui s’y emploient, nous pouvons créer un espace pour considérer de nouvelles questions et différentes voies d’exploration, comme le désir de Robin Wall Kimmerer d’explorer pourquoi la verge d’or et les asters sont ensembles.
Références (cliquez ici pour consulter les sources)
[i] https://www.robinwallkimmerer.com/books
[ii] https://www.health.harvard.edu/blog/right-brainleft-brain-right-2017082512222
[iii] https://www.sciencespo.fr/women-in-business/en/news/women-and-the-leaky-stem-pipeline/
[iv] https://docs.iza.org/dp14676.pdf
[v] https://www.randstad.ca/employers/workplace-insights/women-in-the-workplace/women-in-stem-where-we-are-now/
[vi] https://www.womeninscienceday.org/our-history.html
[vii] https://www.un.org/en/observances/women-and-girls-in-science-day/
[viii] https://www.library.hbs.edu/working-knowledge/lack-of-female-scientists-means-fewer-medical-treatments-for-women
[ix] https://girlsinscience.ca//sites/girlsinscience.ca/wp-content/uploads/2018/09/VingilisJaremko_FEWO_CAGIS_2017.pdf
[xi] https://startupsmagazine.co.uk/article-bridgit-mendler-co-founds-space-startup-northwood-space#:~:text=In%20layman%27s%20terms%2C%20Northwood%20Space,a%20hefty%20seed%20funding%20round.
[xii] https://kathyreichs.com/bones-based-on-true-stories/
[xiii] https://science.gc.ca/site/science/en/women-science
[xiv] https://engineerscanada.ca/diversity/youth-engagement-in-stem
[xv] https://engineerscanada.ca/diversity/women-in-engineering
[xvi] https://girlsinscience.ca//sites/girlsinscience.ca/wp-content/uploads/2018/09/VingilisJaremko_FEWO_CAGIS_2017.pdf
[xvii] https://www.indeed.com/career-advice/finding-a-job/math-and-science-careers
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