Pourquoi la diversité fait-elle notre force

Publié dans : Blog
Posté sur : 11 septembre 2018

Michael Bach, CCDP/AP - Fondateur et chef de la direction

Le 12 aout, l’ancien candidat à la direction du Parti conservateur Maxime Bernier s’est servi de Twitter pour diffuser des messages qui prêtent intentionnellement à la controverse :

1/ Trudeau continue de promouvoir son slogan « la diversité fait notre force ». Oui, le Canada est un pays immense et divers. Cette diversité nous définit et doit être célébrée. Mais où trace-t-on la ligne ?

2/ Des minorités ethniques, religieuses, linguistiques ont été réprimées dans le passé. Nous avons fait beaucoup de chemin pour redresser ces injustices et donner des droits égaux à tous. Le Canada est aujourd’hui l’un des pays où l’on peut le plus librement exprimer son identité.

3/ Mais pourquoi promouvoir toujours plus de diversité ? Si tout et n’importe quoi est canadien, que signifie être Canadien ? Pourquoi ne pas mettre l’accent sur nos traditions culturelles, ce que nous avons en commun qui nous différencie des autres cultures et sociétés ?

4/ Accueillir des gens qui rejettent les valeurs fondamentales de l’Occident que sont la liberté, l’égalité, la tolérance et l’ouverture ne nous rend pas plus forts. Ceux qui refusent de s’intégrer et veulent vivre dans leur ghetto ne rendent pas notre société plus forte.

5/ Le multiculturalisme extrême et le culte de la diversité de Trudeau vont nous diviser en petites tribus qui ont de moins en moins en commun, à part leur dépendance envers le gouvernement. Ces tribus deviennent une clientèle politique qu’on achète avec les $ des contribuables et des privilèges.

6/ La balkanisation culturelle amène la méfiance, les conflits sociaux et potentiellement la violence comme on le voit partout. Il est temps de renverser cette tendance avant que la situation n’empire. Plus de diversité ne nous rendra pas plus forts, cela détruira notre pays.

Dans le langage politique, il s’agit de ce qu’on appelle essayer de créer une « pomme de discorde ». Et voilà que maintenant, moins de deux semaines plus tard, Bernier a annoncé qu’il quittait le Parti conservateur du Canada pour créer son propre parti. Le moment choisi est quelque peu suspect.

Au cours de sa conférence de presse, M. Bernier a souligné deux raisons pour lesquelles il veut faire cavalier seul : 1) son objection à la gestion de l’offre et 2) trop de diversité.

Dans ses gazouillis, M. Bernier démontre ce que l’on ne peut que qualifier d’ignorance. « Des minorités ethniques, religieuses, linguistiques ont été réprimées dans le passé. ». Si ces injustices avaient effectivement été redressées par le passé, les Canadiennes ne gagneraient pas 0,87 $ pour chaque dollar gagné par les hommes ; nos peuples autochtones auraient de l’eau potable propre ; et nous ne serions pas témoins d’une augmentation des actes flagrants de racisme dans nos villes.

La diversité fait partie de notre histoire et doit faire partie de notre avenir

Outre son ignorance en ce qui concerne l’état de l’inclusion au Canada aujourd’hui, M. Bernier ne semble pas comprendre notre histoire. C’est-à-dire, le fait que le Canada a toujours été diversifié.

Avant l’arrivée des premiers Européens en sol canadien, les Premiers Peuples étaient extrêmement diversifiés. Aujourd’hui, il y a 634 Premières Nations, en plus des Métis et des Inuits. Ensemble, ils représentent plus de 50 langues différentes, sans mentionner une vaste gamme de traditions et d’histoires. Il n’y a pas un seul peuple autochtone. Il y a plusieurs peuples autochtones.

Il y a plus de 1000 ans, les Vikings sont arrivés sur les rives de ce qui est maintenant Terre-Neuve-et-Labrador. Leur arrivée a été suivie par des années de combats entre les Anglais et les Français alors qu’ils se battaient pour le contrôle de l’Amérique du Nord. En 1791, l’Acte constitutionnel séparait le Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario) et le Bas-Canada (aujourd’hui le Québec). En 1867, le pays que nous connaissons maintenant sous le nom Canada a été créé avec l’adoption par le Parlement britannique de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique.

Pour bâtir ce pays, les politiciens de l’époque ont misé sur l’immigration. Des migrants chinois et européens ont été accueillis pour aider à construire un chemin de fer entre la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse. Depuis la Confédération, il y a eu d’importantes populations de nouveaux arrivants originaires de l’Irlande, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Ukraine et de la Pologne.

Nous avons toujours été un pays d’immigrants. Selon le recensement de 1931, 22 % des résidents du Canada étaient nouveaux arrivants. En 1901, plus de 70 % des immigrants et immigrantes venaient des iles britanniques, de l’Europe occidentale, de l’Europe de l’Est et de la Scandinavie. En 2011, ce pourcentage est passé à un peu plus de 30 %, avec environ 50 % des immigrants et immigrantes venant de l’Asie de l’Est, de l’Asie du Sud-Est et de l’Asie du Sud.

Ce qui ressort de ce récit est la raison que notre taux d’immigration doit être si élevé. En termes simples : nous sommes en déclin démographique. En 2016, le taux de natalité au Canada était de 1,6, mais pour maintenir notre population, nous avons besoin d’un taux de natalité de 2,1.

Autrement dit, nous avons plus de décès au Canada que nous avons de naissances. Pour maintenir notre population, sans même parler d’une croissance, nous devons compter sur des niveaux d’immigration élevés. Ce n’est pas un choix. Il n’y a pas d’autres solutions. L’année 2018 marque le plus haut niveau d’immigration (350 000 nouveaux arrivants et arrivantes) depuis 1921 et nous ne pouvons pas réussir en tant que pays sans l’immigration.

Qui ne s’intègre pas dans notre société ?

Cependant, nous ne pouvons pas choisir d’où viennent ces immigrants et immigrantes. Selon son gazouillis, M. Bernier affirme que : « Ceux qui refusent de s’intégrer et veulent vivre dans leur ghetto ne rendent pas notre société plus forte. ». Mais de qui parle-t-il ? Est-ce les 188 805 personnes qui sont venues des Philippines en 2016 ? Les 24 155 qui sont venus de la France ? Ou s’agit-il des musulmans, quel que soit leur pays d’origine ? De toute évidence, son gazouillis appuie cette hypothèse : « Accueillir des gens qui rejettent les valeurs fondamentales de l’Occident que sont la liberté, l’égalité, la tolérance et l’ouverture ne nous rend pas plus forts. »

Pour garder les choses en perspective, selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, seulement 3,2 % des Canadiens et Canadiennes ont déclaré être musulmans. Selon une étude de l’Université du Québec à Montréal, seulement 50 à 100 femmes au Québec portent le voile et cette province a ressenti le besoin d’adopter une loi interdisant à ces 50 à 100 femmes de porter le voile lorsqu’elles reçoivent des services publics.

Chaque immigrant ou immigrante a une période d’adaptation à mesure qu’il s’intègre à la société canadienne. C’est le cas depuis des milliers d’années. Lorsqu’on doit reprendre notre vie et déménager dans un pays complètement nouveau, il nous faut du temps pour s’acclimater — pas seulement apprendre la langue, mais aussi les normes culturelles qui font du Canada le pays qu’il est. Il s’agit d’un changement massif, une situation que M. Bernier n’aurait jamais connue, ayant vécu toute sa vie au Canada.

Le Canada, la mosaïque

Le Canada a été décrit comme une « mosaïque », contrairement au « melting pot » des États-Unis. C’est une distinction dont nous sommes fiers, car cela signifie que lorsque les gens viennent au Canada, ils ajoutent leur culture distincte à une plus vaste identité canadienne. C’est ce qui nous distingue en tant que Canadiens et Canadiennes. Et le fait d’amener ses propres traditions au Canada ne signifie pas qu’on rejette les valeurs occidentales.

La politique d’immigration du Canada repose principalement sur le besoin. La majorité (60,3 %) des immigrants et immigrantes appartiennent à la catégorie économique, ce qui signifie qu’ils ont une formation et de l’expérience pour laquelle nous avons des emplois. Un moindre pourcentage est basé sur les catégories du regroupement familial et des réfugiés. Pour répondre à la question de M. Bernier, « où trace-t-on la ligne ? », la réponse est simple : on ne le fait pas.

Ce que signifie être Canadien ou Canadienne est en constante évolution et, en tant que Canadiens, nous avons le devoir d’accueillir les gens qui choisissent d’appeler notre pays leur patrie et de leur donner l’occasion de réussir. C’est de telles sources de discorde, comme le comportement de M. Bernier, qui détruiront notre pays. C’est la diversité qui fait du Canada un pays fort.

 

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