Un voyage vers la parentalité : Célébration de la Journée mondiale des parents

Publié dans : Blog
Posté sur : 31 mai 2024

par Charles Paradis

Il y a deux livres que ma femme et moi aimons lire avec notre tout-petit : « Families Grow » de Dan Saks et « All Kinds of Families » de Suzanne Lang. La raison pour laquelle nous aimons ces livres est qu’ils montrent à quel point les parents et les familles sont uniques et différents d’une communauté à l’autre. Dans le livre de Dan Saks, un des points qui nous touche particulièrement en tant que parents est la mention suivante : « Le ventre peut appartenir à maman, mais il peut aussi ne pas lui appartenir. Parfois, un autre ventre spécial est l’endroit idéal. » Quant au livre de Suzanne Lang, nous adorons le fait qu’il souligne que les parents se présentent sous des formes très diverses, qu’il s’agisse de deux pères ou d’une mère, ou peut-être même d’une tante ou les grands-parents de l’enfant. Il est essentiel de se rappeler que ce que l’on peut considérer comme étant un parent pour un enfant est une expérience complètement différente pour un autre.

Le 1er juin est la Journée mondiale des parents de l’Organisation des Nations Unies (ONU)[i]. 2024 marque la 12e année que l’ONU observe cette journée[ii]. Bien que l’Assemblée générale des Nations Unies ait proclamé cette date en 2012, l’importance de la parentalité est un sujet clé pour l’organisation depuis les années 1980[iii]. À cette époque, l’ONU a commencé à souligner l’importance de la famille et de son impact sur le développement et le bien-être de l’enfant[iv]. Ces idées ont été reconnues davantage lors du Sommet Mondial pour le Développement Social, qui a eu lieu à Copenhague, au Danemark, en 1995[v].

Je ne pense pas que ces principes soient choquants ou révélateurs pour quiconque lit ces lignes. J’ai cependant deux questions à vous poser : qu’est-ce qu’une famille? Et que sont les parents?

Qu’est-ce qu’un parent?

En toute honnêteté, je ne sais pas vraiment. Je reformule : j’ai longtemps pensé que je le savais, mais ces dernières années, cela a beaucoup changé pour moi et ma nouvelle famille.

Quand j’étais enfant, je pensais que la famille et les parents étaient assez classiques. Deux adultes, dont une vous a donné naissance, peut-être quelques frères et sœurs, et un ou deux animaux de compagnie. Dans ma famille, j’avais deux parents, un frère adoptif, une sœur biologique et, à certains moments, des poissons rouges et quelques gerbilles.

Il est facile de dresser cette liste, mais je vais être honnête avec vous, ma famille n’a pas toujours été ce qu’il y a de mieux. En fait, pendant un certain temps, mes parents étaient séparés et j’ai vécu dans une ville complètement différente avec ma mère. J’ai même passé un certain temps dans un refuge pour femmes. Je n’ai pas vu mon frère et ma sœur ni mon père pendant près d’un an. Je n’ai pas vu mes ami·e·s non plus, et j’étais prêt à me cacher de tout visage familier pour rester en sécurité.

C’était bizarre. Cela m’a marqué. Cela a certainement façonné qui je suis. J’ai des problèmes de santé mentale et ces expériences les ont certainement marqués, tout comme ma capacité à gérer le stress et l’anxiété, ce qui a également eu un impact sur ma confiance en moi ainsi que ma perception de mon estime de moi[vi]. En fin de compte, j’espérais utiliser ces expériences négatives pour en créer de positives. Je m’appuierais sur ces expériences pour aider au développement de mon propre enfant, qu’il s’agisse de gérer la santé mentale, les questions liées à l’attachement, l’expression des sentiments ou l’aider à comprendre que l’échec n’est pas toujours une mauvaise chose[vii].

À première vue, cela peut sembler bien sombre. Bien sûr, tout n’est pas positif et une grande partie de cette expérience a été douloureuse. Cela dit, ces expériences ont aussi contribué à façonner ce que je voulais être lorsque mon tour de devenir parent s’est présenté. Je pensais que devenir parent serait assez simple et facile. Je veux dire, le b.a.-ba de la vie, c’est assez simple! Je n’étais pas préparé pour l’ampleur de mon erreur à ce sujet.

Devenir parent

Ma femme et moi sommes mariés depuis bientôt 15 ans. Nous pensions qu’après le mariage et le déménagement dans une nouvelle ville, les choses se calmeraient et que nous fonderions une famille au bout d’un an environ. Nous nous sommes lourdement trompé·e·s.

Nous avons essayé.

Nous avons réessayé.

Nous avons essayé pendant 12 ans.

Ma femme a fait une fausse couche après l’autre.

Nous n’avions aucune idée que nous rencontrerions des problèmes récurrents de fertilité et de perte de grossesse[viii]. À un certain moment, ma femme était enceinte et, pendant quelques jours, nous étions les personnes les plus heureuses du monde. Notre rêve de devenir parents allait enfin se réaliser. Cependant, cette joie a rapidement été remplacée par la tristesse due à une perte bien trop familière.

En 2017, nous avons exploré une autre voie : l’adoption.

Ce concept n’était pas complètement nouveau pour nous. Mon frère aîné avait été adopté et nos nièces avaient été adoptées à l’étranger. Une mise en garde s’impose toutefois : s’engager dans cette voie n’est, une fois de plus, en aucun cas une garantie de succès[ix].

L’adoption est longue. Elle est parfois douloureuse. Elle vous soumet à des contraintes financières, émotionnelles et psychologiques. Le processus a duré cinq ans.

Finalement, nous étions plus capables.

Le 1er juillet 2022, à l’insu l’un·e de l’autre, nous avons baissé les bras. Nos réservoirs étaient vides et nous ne nous sentions pas capables d’espérer une année de plus sans nouvelles, sans résultat. Nous étions tou·te·s les deux incroyablement tristes, mais nous ne l’avions pas dit à l’autre. Nous avions sans doute en tête de faire savoir à notre assistante d’adoption que c’était fini. Que nous allions nous retirer de certains registres d’adoption. Nous annoncerions la nouvelle à nos familles et, avec le temps, nous parlerions à notre conseiller conjugal pour faire le deuil de cette perte. Nous essaierions de nous habituer à l’idée d’être l’oncle et la tante « cool » qui voyagent beaucoup.

En grandissant, j’ai toujours pensé que je serais père. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi, mais le fait d’être confronté à la réalité de ce qui n’arriverait probablement jamais a été assez difficile à accepter.

J’avais besoin d’être père.

Au cours de ma carrière, j’ai travaillé avec des enfants d’un bout à l’autre du pays, et j’ai adoré cela. Je pense que, dans une certaine mesure, j’ai été un « mini-papa » pour certain·e·s d’entre eux·elles en les aidant à apprendre et à grandir.

Ce n’était pourtant pas la même chose.

J’avais besoin d’être père.

Être parent

Le 5 juillet 2022, je me suis réveillée avec un courriel étrange. Il s’agissait d’une personne qui nous contactait pour nous dire qu’elle avait voulu communiquer avec nous plus tôt, mais qu’elle était maintenant sur le point d’accoucher.

J’ai lu et relu le message.

J’ai appelé ma femme pour lui demander si elle pensait que c’était légitime.

Nous avons aussi appelé notre assistante d’adoption, qui nous a confirmé qu’elle était aussi entrée en contact avec.

Notre fils est né.

Instantanément, nous sommes devenu·e·s parents.

Ce qui s’est passé ensuite est très flou. On nous a dit qu’il pourrait être à la maison avec nous dans aussi peu que trois jours. Nous avions très peu de vêtements, un peu de vaisselle et quelques jouets appropriés pour les nourrissons jusqu’aux enfants de 5 ans, car, au fil des années, nous avions fait des réserves et espéré, et nous avions même atteint la ligne de départ à plusieurs reprises. Cette fois-ci, cependant, nous avons eu l’impression de courir une course tout en essayant de lacer nos chaussures.

Lorsque vous devenez parent, on vous offre de nombreux conseils.

Je pense que le conseil le plus important que nous ayons reçu était d’être gentils avec nous-mêmes, l’un·e avec l’autre et avec notre bébé. À travers toute cette turbulence et ce stress, les choses se sont emballées! C’était absolument stressant. C’était un véritable défi et, parfois, ma femme et moi n’étions pas très patient·e·s l’un·e envers l’autre. Cela dit, nous essayions toujours de prendre le temps de nous excuser, de parler et de créer des plans d’urgence.

Nous n’étions pas vraiment préparé·e·s au choc d’être privé·e·s de sommeil ou de se réveiller au moindre bruit, mais cela s’est avéré un peu comique et amusant par moments. Par exemple, il y a un moment où j’avais à peine dormi et le bébé pleurait. Au lieu de demander à ma femme où était la tétine, comme je l’aurais fait en temps normal, j’ai eu un trou de mémoire. J’ai regardé ma femme et j’ai demandé : « Où est le bouchon de bouche? »

La pandémie a également provoqué un stress supplémentaire, certains produits pour bébés étant en rupture de stock[x] ou vendus à des prix anormalement élevés[xi]. Nous passions nos fins de semaine à aller de magasin en magasin à la recherche de Tylenol pour nourrissons et de préparation lactée pour nourrissons. Avec un peu de chance, nous en trouvions.

Là encore, le manque de sommeil faisait parfois rire les gens. Dans une pharmacie, j’ai eu pitié de la pauvre pharmacienne qui m’a aidé lorsque je cherchais du Tylenol pour nourrissons et pour adultes. Pour une raison quelconque, lorsque je cherchais le médicament pour nourrissons, j’ai choisi de faire des gestes avec mes mains pour montrer à quel point notre enfant était petit. Puis, au moment de demander où se trouvait le médicament pour adulte, j’ai demandé, pour une raison que j’ignore, « Et où est le Tylenol pour grand garçon? »

Oui, j’étais ce grand garçon et je ne fonctionnais évidemment pas à 100 %.

Nous avons ri de ces situations comiques à plusieurs reprises. Et c’est à cela que ressemble le fait d’être parent dans ma famille.

Aujourd’hui, notre fils grandit, développe son langage, s’essaie au français et, à ce stade, escalade tous les meubles qu’il peut comme s’il participait à un tournoi de parkour.

En tant que parents, nous avons appris qu’il n’existe pas de méthode parfaite pour élever un enfant.

Faites-le à votre façon. Oui, vous risquez d’être critiqué·e, mais, en réalité, les seules personnes que vous devez satisfaire sont les membres de votre famille proche. C’est ce qui compte.

Avons-nous un repas maison tous les soirs? Des nuits parfaites? Une chambre d’enfant fonctionnelle? Un enfant qui va à la garderie avec des chaussettes assorties tous les jours?

Bien sûr que non!

Nous avons cependant un enfant en bonne santé, heureux et drôle qui grandit, qui dispose d’un réseau de soutien massif, qui connaîtra sa famille biologique et sa famille adoptive, et qui ne connaîtra que l’amour inconditionnel.

Ça, c’est une famille, si vous voulez mon avis. Quant aux parents? Nous essayons. Nous essayons chaque jour, et parfois c’est notre tout-petit qui tient la barre, mais nous arrivons (d’une manière ou d’une autre) à bon port à la fin de chaque journée.

Je ne me suis jamais fait d’illusion sur la facilité d’être parent. Ce n’est certainement pas le cas, mais je me sens incroyablement chanceux, même lorsque je suis complètement épuisé. Alors, cette année, à l’occasion de la Journée mondiale des parents, célébrons tou·te·s ceux·celles qui ont embrassé la parentalité, quelle que soit la manière dont ils·elles y sont parvenu·e·s, et élevons ensemble tou·te·s les merveilleux·euses enfants de notre vie.

En fin de compte, peu importe ce que signifie pour vous le fait d’être parent, c’est une belle chose. Pour en revenir au livre de Suzanne Lang, vous pourriez être la famille de la page 3 (deux pères), ou celle de la page 6 (une tante comme parent), ou même celle de la page 9 (il n’y a qu’un seul parent, un père). Notre petite famille est celle de la page 11, où il est mentionné que certain·e·s enfants sont adopté·e·s. Les parents sont deux moutons et les enfants sont des loups. Être parent peut parfois être effrayant, mais heureusement, notre petit « loup » rend cette aventure tellement mémorable.

Références (cliquez ici pour consulter les sources)

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